Parents & Trans – 17 mai 2022 – IDAHOT

A l’occasion de la journée internationale de luttes contre l’Homophobie et la Transphobie, j’avais envie de creuser le sujet la parentalité trans .

D’un point de vue Légal

Pour développer ce sujet il faut déjà le placer dans un contexte légal,
Avant la loi pour faciliter le changement de prénom et d’état civil de 2016,
la loi nous demandait d’être stérilisé·e pour pouvoir changer notre genre sur nos papiers!

Ça fait 6 ans ! C’est tout récent … et cette loi s’applique aujourd’hui inégalitairement au cas par cas 😡

Combien y’aurait- il de parents trans en France ?

Une idée reçue est notre petit nombre … on serait une minorité minoritaire (LOL)

C’est effectivement difficile à évaluer en France … On a pas eu d’étude sur les populations de parents trans, en France.

On dénombre déjà 22 % des 18-30 ans de personnes trans, agenre et gender fluid chez les LGBTQI (sondage Ifop en ligne réalisé en novembre 2020 auprès de 1 006 personnes.)

Et Il y aurait entre 1 et 2% de personnes trans et intersexes de la population toutes tranches d’âge confondues (En fonction du parti pris plus ou moins réactionnaire des commanditaire d’études – Plus ielles sont réacs, moins on est, CQFD)

Pour identifier la part de parents trans, Il faut se pencher sur des études menées en Europe :

Notamment avec le questionnaire de TGEU (Transgender Europe) sur la population LGBTI en Europe
(étude menée en 2019 sur 140.000 répondant·es) 14% des personnes interrogées élèves des enfants,
dont 19% en moyenne en Europe de personnes trans.
Et ça devient super intéressant puisque ce questionnaire mentionne une autre étude danoise, menée par Myrte Dierckx en 2015 qui déclare :

According to various surveys, at least one quarter and as many as half of transgender people have 1 biological children (sources : European Union Agency for Fundamental Rights, 2014; Motmans, Ponnet, & De Cuypere, 2014; Rosser, Oakes, Bockting, & Miner, 2007).
> Document d’origine (pdf) : Resilience in Families in transition what happen when a parents transition ?

Entre ¼ et la moitié des personnes trans en Europe élèvent des enfants !!!
Ça fait chaud au cœur, de se savoir si nombreux·es et surtout, surtout,
on mesure à quel point c’est un vrai sujet non traité.

Transgender Tipping point* à la française pour les parents trans

En 2014 la brillante Laverne Cox (<3) parle du Transgender Tipping Point* dans le Time magazine,
ce point de rupture où la visibilité et surtout la prise en compte des personnes trans dans l’espace culturel
est bien présente … Preuve surtout que tous les combats menés depuis plus de 50 ans ont porté leurs fruits…

Aujourd’hui et à notre échelle francophone, sur la question de la Parentalité, si on compare ce point de rupture on a aussi un apport de taille : c’est une jurisprudence de la cour d’appel de Toulouse qui date de cette année ou une parentE trans, mariée et déjà reconnue co-parent a (enfin) été reconnue mère de ses enfants né·es avant et après transition.

(j’ai emprunté cette comparaison à @feministandransDad – si tu me lis, je t’envoie des hugs)

Cette perspective juridique ouvre une logique de potentiels incroyables pour aussi bien la reconnaissance légitime des parents qui existent déjà et qui sont reconnus dans le bon genre vis à vis de l’état civil et de l’administration mais PAS au bon titre.

Différence pas si subtile que ça … si on sait combien dans un pays très à cheval sur l’administratif, combien les problématiques ne se limitent pas au genre sur les papiers mais aux titres et se répercutent dans toutes les démarches qui concernent les enfants, administratives, de garde, sur les questions de santé, de scolarité, de loisirs etc.

Ex : Un enfant se blesse et on doit l’emmener aux urgences, par exemple seul·es les responsables légaux ont le droit de l’accompagner, mais aussi signer les documents scolaires ou simplement aller chercher son enfant à la sortie de l’école… Bref les situations ne manquent pas

Pour les plus jeunes (ados ou enfants trans) qui se voient maintenant gagner la possibilité d’un avenir qui n’était pas auparavant ouvert à elleux. (ref : documentaire petite fille – Lipschitz)

Avancée donc phénoménale sur le terrain des droits, s’il y a 20 ans les parents trans étaient un tabou –
(Coucou Pédro Almodovar et ‘Tout sur ma mère’ )- que l’on nous forçait à ne surtout pas se reproduire et à bien se cacher, aujourd’hui ça devient un avenir possible, pour les plus jeunes et un début de reconnaissance :
on peut en tant que personnes trans fonder une famille si on en a envie avec une reconnaissance complète.

Atypique hun, la famille, il ne s’agirait pas non plus de reproduire les normes du cisthétérosexisme – patriarcat, Beurk 😫

Enfin, on peut être reconnu dans le bon genre SI on nous laisse faire des enfants …
Autant dire que sur ce point c’est pas franchement évident –
La Loi sur la PMA n’inclut pas les personnes trans et nous stigmatise si on tente de passer outre, on risque de se heurter à la réticence des institutions.
> Il y a encore beaucoup de combats à mener pour de vrais droits simples – et pas de la survie.

H·O·P·E

Maintenant, si on regarde vers toutes les contributions qui ont eut lieu par le passé, vers nos histoires, et les luttes justement, qui les jalonnent … On peut “oser” se poser la question : De quoi auront besoin nos enfants, nos adelphes , notre communauté demain avec l’option plus concrète de la dynamique familiale en plus ?

Alors pour répondre à cette question il faudrait une assemblée tant les points sont nombreux :
Juridiques, sociaux, de santé, d’éducation, de psychologie, de lutte contre la précarisation et les discriminations, de régularisation, d’accueil et d’entraide, de formation à la compréhension et l’acceptation de vivre ensemble sur les personnes hors communauté, et aussi dans la communauté parfois

ET dans une logique intersectionnelle qui prend en compte un ensemble de discriminations, (validisme, racisme, grossophobie, sexisme, sexisme, homophobie et transphobie…) pour changer la donne d’une inclusion sociale qui ne gomme pas nos particularités et qui conserve un respect de nos identités.
Je nomme ces points ici mais je ne me positionne aucunement en experte, plus en alliée.

Par respect pour celleux qui maîtrisent parfaitement ces sujets et parce qu’il me semble nécessaires.
Je voudrais aborder le sujet sous l’angle sur lequel je peux être efficace : la contribution à élaborer des contenus culturels, pédagogiques afin de contribuer à soutenir la communauté.

De quoi auront besoin nos enfants, nos adelphes , notre communauté demain avec l’option plus concrète de la dynamique familiale en plus ?

Sous l’angle des familles il y a énormément à faire et en me posant la question quand je l’écris je n’ai pas la réponse mais plus un avis de matériaux

– De la culture, avec de la visibilité racontée par nous (et pas mal et à notre place)

– De l’histoire (en Écosse depuis 2015 on enseigne l’histoire LGBT au collège) Ref : Slate

– Des supports pédagogiques complet – partout … et pas vite fait une affiche, alors que le travail a été très bien réalisé par les associations : Ligne directrices et des bonnes pratiques d’accompagnement des élèves trans lors d’une transition de genre en milieu scolaire ou en formation (~17Mo | pdf)
Initiative de Au delà du genre avec les participations des associations En trans, Pari T, Trans 3.0 et Transat .
Notamment à l’école, parce que le rôle de l’éducation est crucial et on connait les drames qui se sont produits, encore récemment.

Des exemples de Contenus PAR et POUR des personnes trans

Du coté de l’Édition on retrouve de beaux exemples , Je m’appelle Julie, de Laurier the Fox & Caroline Fournier aux Éditions on ne compte pas pour du beurre, Messy Parent Gender Transition de l’illustrateur et auteur de Bd, Joris Bas Becker, une liste de lectures construites avec des parents trans et structurées avec mon irrésistible moitié en tranches d’ages.

Du coté des organisations parallèles on retrouve des associations et des groupes de soutien inclusif, Matergouïnité (Insta | Discord) L’association des Parents Gays & Lesbiens (APGL) avec sa Branche « Parents trans » et du soutien juridique, et un groupe Facebook d’échanges et de dialogues entre parents trans.
Mais aussi quand on parle de contenus on se doit de parler de la visibilité positive dans d’autre forme de culture, notamment Audiovisuelle avec le génial Annuaire de Representrans, qui va présenter des profils d’acteurices trans & non binaires.